Cancer du sein : la France tristement en tête. Quid d'une véritable prévention?

 

En ce mois de novembre, voilà déjà plusieurs jours que je suis à la recherche d'articles sur le cancer du sein et ce que l'on connait en terme de prévention. En effet, depuis l'année dernière, nous voilà sur la première marche du podium mondial en terme d'incidence du cancer du sein. Pourtant, silence radio sur les sites officiels concernant les causes ou, du moins, un questionnement sérieux sur le contexte qui nous vaut d'être dramatiquement en tête du classement. Comme chaque année, durant la campagne d'octobre rose, il me semble que la prévention primaire reste largement ignorée. Bien que le dépistage soit essentiel  (prévention secondaire), il est grand temps  de mettre la prévention primaire sur le devant de la scène, afin que le cancer du sein ne soit plus une fatalité pour une femme sur huit.

 

Or ce matin pour bien commencer la journée, c'est une belle synchronicité* qui se présente à moi avec avec un article du Monde intitulé  : "Des institutions scientifiques entretiennent le doute sur les bénéfices du bio" (1).  Selon plusieurs chercheurs en nutrition et en santé publique, l’Académie nationale de médecine, l’Académie d’agriculture de France (AAF) et l’Institut national du cancer (INCa) ont ainsi, chacun à leur manière, participé à alimenter la confusion sur le sujet. En cause, une étude épidémiologique française publiée en 2018 dans JAMA Internal Medicine, ayant suivi 70 000 personnes pendant quatre ans et demi, et mettant en évidence une baisse significative du cancer du sein postménopausal (– 34 %) chez les plus grosses consommatrices de bio, par rapport à celles qui n’en consomment pas.

 

Mi-octobre, dans une tribune dans Le Monde, plus de 1 000 femmes touchées par un cancer du sein avant 50 ans soulignent que les preuves scientifiques s’accumulent en faveur de liens entre l’exposition à des polluants présents dans l’environnement et la survenue des cancers. Dans cette tribune, elles écrivent "Nous sommes 1 055 femmes à avoir été touchées par un cancer du sein avant 50 ans, à un âge où il n’est pas « normal » de tomber malade."(2). (80% des cancers du sein se déclarent en effet chez les femmes de plus de 50 ans).

 

Pour moi qui ai 52 ans, je ne trouve pas normal du tout d'être touchée par un cancer du sein après la ménopause. Dans cet article, j'ai voulu essayer de comprendre les raisons qui placent les Françaises en tête de ce triste palmarès. Il apparaît que nous cumulons de nombreux facteurs de risque, notamment la consommation d'alcool, le tabagisme, une alimentation riche en viande et en graisses, ainsi que des facteurs liés à l'"imprégnation hormonale" naturelle et synthétique (xéno-œstrogènes issus de la pollution environnementale, pilules, traitements hormonaux substitutifs). Ce long travail m'a permis de remettre en question certains de mes préjugés : je pensais, par exemple, que les inégalités sociales jouaient un rôle déterminant dans l'incidence du cancer du sein. Or, il semble que face à cette réalité douloureuse, toutes les catégories sociales soient également touchées.

 

Nous allons faire un tour vers le Japon où l'incidence du cancer du sein est la plus faible des pays industrialisés et faire des ponts avec l'Ayurveda, sa vision du cancer et ses approches de prévention. Nous verrons que la médecine occidentale commence à faire de plus en plus de lien entre la qualité de la microbiote, en un mot notre capacité digestive et certains terrains propices au développement de maladies comme le cancer.

 

Dans cet article, mon propos n'est pas du tout d'être anxiogène mais plutôt de comprendre comment nous pouvons au mieux diminuer les facteurs de risques en l'état actuel des connaissances, au-delà de la prévention secondaire qui est l'auto-palpation de nos seins, la palpation par notre médecin et par les mammographies. 

 

Nous explorerons comment les recommandations alimentaires et d'hygiène de vie proposées par l’Ayurveda, notamment pour les femmes en péri-ménopause, peuvent constituer une piste très intéressante pour réduire les risques.

 

 

>> CANCER DU SEIN : ETAT DES LIEUX EN FRANCE

 

> UNE AUGMENTATION IMPORTANTE DEPUIS 40 ANS

 

- 80% des cancers du sein arrivent après 50 ans. L'âge médian du diagnostic est de 64 ans.

 

- Le taux d'incidence standardisé (TSM) a augmenté fortement depuis les années 70 pour arriver à 96/100000 en 2010 à 99/100 000 en 2024, ce qui nous place désormais en tête du classement des TSM des pays industrialisés, devant les états-unis. 

 

- En  France, c'est le 1er cancer chez les femmes et la 1ère cause de décès par cancer chez la femme.

 

- La mortalité par cancer du sein décroît depuis, une trentaine d’années dans les pays les plus industrialisés comme en France. Diagnostic précoce et amélioration des traitements se partagent cette réussite. En France, la survie à 5 ans est de l’ordre de 88 % et de 78 % à 10 ans, elle est parmi les taux les plus élevés d’Europe de l’Ouest. (3)

 

 

> TOUS LES MILIEUX SOCIO ECONOMIQUES SONT CONCERNES

 

Un travail de 2017 (4) publié sur Santé Public France a quantifié l’influence de l’environnement socioéconomique sur l’incidence des cancers en France. Cet article souligne que " Pour ce qui est du cancer du sein la France fait partie des pays au monde ayant les meilleurs indicateurs globaux de santé, mais elle présente aussi un gradient social de mortalité prématurée parmi les plus marqués en Europe. (...) Le cancer est l’une des pathologies qui contribue le plus à ce gradient."

Le cancer du sein mais aussi de la prostate "sont plus fréquemment observés chez les personnes vivant dans un environnement social favorisé. Pour le cancer de la prostate et, dans une moindre mesure, pour le cancer du sein, ces différences peuvent être dues à la détermination sociale de la pratique du dépistage et du sur-diagnostic qui lui est lié."

 

>> AYURVEDA & CANCER : UNE MEDECINE PREVENTIVE

 

Je me suis basé sur un travail très intéressant de Julia T Arnold (PhD MS), chercheuse à l'Institut National du Cancer (USA) (6). Son article "Intégrer la médecine ayurvédique dans les programmes de recherche sur le cancer" apporte une vision synthétique sur le sujet. L'autrice souligne qu' "il est important de noter que l'utilisation des modalités ayurvédiques ne vise pas à remplacer les traitements allopathiques pour le cancer, mais à agir comme un élément complémentaire pour la prévention ainsi que pour la restauration de la force et de l’immunité après le traitement.".

 

Dans son article la chercheuse met en exergue ce qu'Hippocrate et les médecins ayurvédiques comprenaient que « Toute maladie commence dans l’intestin ». "Tous les éléments constitutifs de la physiologie, y compris les cellules et les tissus, dépendent de la qualité et de la pureté des aliments, de l’air et des liquides que nous consommons. Non seulement ce que nous mangeons est important, mais aussi la façon dont les aliments sont préparés, le moment où nous mangeons, et la manière dont nous digérons les aliments."

 

En effet, "une mauvaise digestion favorise l'accumulation de déchets métaboliques toxiques qui encouragent l'inflammation et interfèrent avec le fonctionnement cellulaire et immunitaire". "Le corps maintient un flux constant de nutriments, d'oxygène et de déchets. Lorsque ces processus sont bloqués et que des déchets toxiques, appelés Ama, s'accumulent dans les tissus, ils créent un terrain propice aux maladies. (...) Une digestion incomplète devient donc une source d'inflammation, un aspect important des stades précoces de la maladie. Cette référence discute du régime alimentaire et de l'Ama comme précurseurs de l'inflammation chronique et de leur rôle potentiel dans la progression du cancer."

 

Ainsi, dans les recherches actuelles de la médecine conventionnelle, l'inflammation est comprise comme une condition pré-cancéreuse importante. L'inflammation chronique est carcinogène. Un domaine de recherche dynamique a émergé concernant le rôle du microbiome intestinal dans le cancer.

 

> DESCRIPTION AYURVEDIQUE DE LA PATHOGENESE DU CANCER 

 

C'est un processus qui peut se dérouler sur plusieurs années, et constitue une progression de l'aggravation des doshas affaiblis par une mauvaise alimentation ou des facteurs causatifs, ainsi que l'accumulation d'Ama et l'inflammation dans les tissus. La perspective des Tridoshas sur le cancer inclut l'implication du Kapha dans la croissance des tissus, du Pitta dans la transformation des tissus de normaux à malins, et le rôle du Vata dans la propagation du cancer en dehors de l'organe, comme dans les métastases.

 

La chercheuse met en avant "un autre composant influent dans l'étiologie du cancer" qui est la relation entre le corps, l'esprit et la conscience. "L'exposition précoce à l'adversité et au stress pendant l'enfance peut entraîner des prédispositions neuroendocriniennes, épigénétiques et psychologiques au cancer à un âge plus avancé. L'Ayurveda aborde l'esprit, le corps et la conscience à travers des techniques de yoga et de méditation pour éliminer le stress et développer la conscience. 


 

>> ETAT DES LIEUX SUR LES FACTEURS DE RISQUE

 

> LES FACTEURS DE RISQUES IMPORTANTS 

 

Une étude épidémiologique de 2019 (3) démontre comme facteurs de risque important ; 

- facteur génétique (concernerait 8 à 10% des cancers du sein selon les sources)

- antécédents personnels et familiaux de cancer du sein, des ovaires, du côlon, de l’endomètre,

- présence d’une mastopathie proliférante associée à une hyperplasie épithéliale atypique ou non 

- un premier enfant après 35 ans

- une puberté précoce et une ménopause tardive

- irradiations thoraciques

 

> LES AUTRES FACTEURS DE RISQUE (institut national du cancer)

 

Toutefois, l'exposition à des facteurs de risque moindre mais relativement fréquents favorise ainsi un nombre assez conséquent de cancers du sein. Ces facteurs de risque ont été quantifiés par l'Institut national du cancer. (6) J’ai donc cherché à comprendre, entre comportements individuels et pollution environnementale, ce qui pouvait expliquer cet incidence record du cancer du sein en France.

 

Bien que le lien entre les xéno-œstrogènes provenant de la pollution environnementale et le cancer du sein nécessite encore des recherches approfondies, il est indéniable que ces substances représentent des facteurs de risque significatifs. Cependant, il est essentiel de s’attarder sur les facteurs liés à notre mode de vie, car, d’après mes recherches, il est avéré  que les Françaises en accumulent effectivement plusieurs.

 

Infographie Nombre de cancers du sein par an

 

Une consommation d'alcool importante chez les françaises

 

L’alcool est l’un des principaux facteurs de risque pour le cancer du sein selon l’OMS/Europe, une simple réduction de la consommation d’alcool peut fortement limiter les risques. Le risque de cancer du sein augmente avec chaque unité d’alcool consommée par jour. Une consommation quotidienne d’à peine 1 bouteille de bière (500 ml) ou 2 petits verres de vin (100 ml chacun) suffit pour provoquer plus de 10 % des cas de cancer imputables à l’alcool.(7)

 

En France, on estime qu'entre 15% et 17% des cancers du sein sont imputables à la consommation d'alcool. 

 

En Europe occidentale, la France est le 2ème pays en terme de consommation d'alcool. A l'échelle du monde, les femmes consomment 4 fois moins d'alcool que les hommes. Selon l'étude NutriNet-Santé (8), France de 2013 (cohorte de 22 738 femmes),  la quantité moyenne d’alcool apportée par les boissons alcoolisées a été estimée à 5,7 g/j chez les femmes contre 21 g/j chez les hommes, soit un ratio un peu supérieur au reste du monde qui tend à prouver que les françaises se classent parmi les consommatrices importantes d'alcool.

 

Selon la même étude, 72% des françaises déclarent consommer de l'alcool avec une consommation répartie majoritairement sur un ou deux jours de la semaine. 12,8 % des femmes déclarent avoir une consommation quotidienne. 21% des françaises interrogés ont des apports en alcool supérieurs ou égaux à 10 g/j.

  

Toujours d'après cette étude, il ressort que la la probabilité de consommer au moins 10 g d’alcool/j (1 verre de vin) augmente notamment, avec l’âge, plus fréquent donc chez les femmes de  55-65 ans, avec le revenu, plus élevée chez les fumeurs ou anciens fumeurs.

  •  Une consommation qui augmente avec le niveau de diplôme des femmes

Chez les femmes, la consommation d’alcool est plus élevée chez les chômeuses (actuelles ou ayant connu des périodes de chômage dans leur vie) et les femmes au foyer, ainsi que chez les cadres et artisans, commerçantes, chefs d’entreprise, et moins élevée chez les professions intermédiaires et employées. En outre, la consommation d’alcool augmente avec le niveau de diplôme des femmes. 

  • Une consommation d'alcool entrainant une alimentation moins équilibrée

L'étude souligne aussi une corrélation importante entre consommation d'alcool et des apports plus élevés en énergie : viande rouge et abats, charcuterie et jambon, poisson et fruits de mer, matières grasses et sauces, gâteaux, biscuits et viennoiseries, et fruits oléagineux et produits de l’apéritif. 

  • Une banalisation de la consommation de l'alcool 

Au vu de l'importance de ce facteur de risque, on peut s'interroger sur les raisons d'un tel silence au niveau des pouvoirs publics.  Aucun souvenir de mon côté de cette campagne de prévention qui date de 2019 !  

Le message est vague "Diminuer sa consommation d'alcool, c'est déjà agir" alors même que les études elles sont très précises.

 

L'alcool et les femmes : réel taboue ou plutôt  politique de l'autruche pour ne pas déranger notre filière viticole et plus généralement notre art de vivre à la française ?

 

Comment lutter alors même que toutes les séries françaises qui ciblent les femmes, nous montrent des femmes actives, des commissaires, procureures, avocates qui finissent quasiment toutes leur journée avec un verre de vin à la main !

 

> Une prévalence du tabagisme importante chez les françaises

 

Depuis les années 1970 l’évolution de la prévalence du tabagisme est différenciée selon le sexe. Alors que chez les hommes, la consommation de  tabac a fortement diminué depuis les années 1970,  chez les femmes, le tabagisme s’est, au contraire, installé depuis les années  1970 et stabilisé autour de 30%.  En 2017, après quelques années de stabilité, le tabagisme quotidien est en baisse, aussi bien chez les hommes que les femmes. (9)

 

Tout comme l'alcool, les françaises sont loin devant avec 27,7 % de prévalence alors que c'est 17,5 % pour les nord-américaines et seulement 7,7% pour les  japonaises selon les données de l'Organisation mondiale de la santé de 2022 parmi les femmes âgées de plus de 15 ans. (10)

 

Il est aussi intéressant de noter que les anciens fumeurs ont plus de risque d'être en surpoids (37%) contre 28% contre les anciens fumeurs. (taux incluant hommes et femmes).

 

> Augmentation légère du surpoids mais très forte de l'obésité chez les femmes

 

Le surpoids augmente régulièrement en France et touche 29,5 % des françaises mais c'est surtout la prévalence de l'obésité chez les femmes qui est inquiétante puisqu'elle était de 8,3% en 1997, 15% en 2015 et 18,8% en 2024. (11)

 

Selon l’Organisation mondiale de la santé, la prévalence du surpoids est de 70 % chez les Américaines, contre seulement 15,5 % chez les Japonaises. (12) Cela montre que, bien que le surpoids soit un facteur de risque, il n’est probablement pas le plus déterminant. Autrement, l’incidence des cancers du sein aux États-Unis et dans d’autres pays européens comme le Royaume-Uni ou l’Allemagne serait bien plus élevée qu'en France. 

 

Toutefois pour le cancer du sein, le facteur de risque est principalement la prise de poids à la ménopause, qui touche plus souvent les catégories sociales les moins favorisées. 

 


 

>> ALIMENTATION :  OCCIDENTALE versus JAPONAISE/MEDITERRANEENE et BIOLOGIQUE

  • Un cancer rare au Japon qui se développe désormais au fur et à mesure de l'occidentalisation de l'alimentation

Le cas des Japonaises est extrêmement intéressant car le faible taux d'incidence des cancers postménopausique ne peut être attribué à une espérance de vie plus courte mais bien à une exposition plus faible aux facteurs de risque. (L'espérance de vie des Japonaises est une des plus élevée du monde 87 ans contre 85 ans pour les Françaises).

Tant qu'elles suivent le régime alimentaire traditionnel japonais, elles ont le taux d'incidence le plus faible des pays industrialisés, autour de 20 pour 100 000 essentiellement dus à un déficit en cancers postménopausiques. 

C'est à dire que dans les années 2000 seulement 1 femme sur 38 au Japon allait déclarer un cancer du sein alors que dès 2000 en France, pour les femmes nées après 1953, le risque était déjà d'1 femme sur 8, presque 5 fois plus de risque.

 

Ainsi les migrantes japonaises aux États-Unis voient leur taux d’incidence de cancer du sein augmenter, sans rejoindre toutefois celui des Américaines(13).  Le Dr Takabe du Roswell park Institut de cancérologie de l'Etat de New York, explique que "traditionnellement, les Américaines consomment davantage de graisses saturées et boivent plus d’alcool que les Japonaises, dont le régime alimentaire est principalement à base de soja. Bien que ces facteurs et d’autres facteurs liés au mode de vie aient contribué à la différence marquée des taux de cancer du sein entre les deux pays, le taux de cancer du sein est en hausse au Japon et est attribué à la montée de l’influence occidentale sur la culture japonaise." (14)

  • Une alimentation japonaise traditionnelle pauvre en viande, en laitages et en sucre 

C'est sur le site de l'Observatoire de la prévention de l'Institut de Cardiologie de Montréal que l'on trouve un article très intéressant comparant ces différents régimes alimentaires. D'un point de la prévention des maladies cardiaques, il est clairement établi depuis de nombreuses années que le régime méditerranéen est l'un des régimes les plus protecteurs. ainsi que le régime japonais. Pour le Dr Martin Juneau, cardiologue,  "cette longévité exceptionnelle (des Japonais) s’explique par un faible taux d’obésité et un régime alimentaire unique, caractérisé par une faible consommation de viande rouge, et une consommation élevée de poissons et d’aliments provenant de plantes tels le soja et le thé." (15)

 

Plus près de nous, dans quelques villages italiens, sardes ou grecs, ces fameuses zones bleues où il y a une grande proportion de personnes très âgées en excellente santé, la nourriture est elle aussi pauvre en produits animaux avec principalement des légumes cultivés à la maison, du pain de grains entiers agrémenté du fromage pecorino fait de lait entier de brebis pour les Italiens et d'huile d'olive, fruits, légumes, céréales et poissons pour les Grecs de l'ile d'Ikaria.

 

Le cardiologue canadien ne souligne pas toutefois pas une autre différence très importante dans le cas des cancers hormo-dépendant comme le cancer du sein, celle de la consommation des produits laitiers qui lorsqu'ils ne sont pas biologiques concentrent les polluants chimiques, notamment les xéno-oestrogènes .  

  • Quid de manger du soja et du tofu pour se protéger du cancer du sein ? 

De nombreuses études ont été faites sur les phyto-oestrogènes du soja et le cancer du sein. Il semble compliqué d'y voir clair car beaucoup de ces études faites aux Etats-Unis l'ont été avec du lait de soja ou des produits à base de soja. Or pour les asiatiques, le soja n'était pas considéré comme comestible à cause de ses nombreux facteurs antinutritionnels. Ils ont alors développé des techniques de transformation alimentaire pour le rendre comestible avec principalement des fermentations (Miso, Natto, Tempeh) ou de trempage/cuisson (Tofu). Toutes ses techniques réduisent fortement la teneur des aliments en phyto-estrogènes (isoflavones)Cependant, nos processus occidentaux de préparations de lait de soja et autres produits dérivés comme les yaourts, le tofu, ou les protéines extrudées utilisées pour les steaks de soja, sont bien différents de cette technique traditionnelle asiatique. En conséquence, les produits peuvent contenir en grande quantité des isoflavones à activité estrogénique. (16)

 

D'après une étude chinoise et une autre japonaise,  la protection se ferait surtout pour une consommation de soja à l'adolescence par rapport au risque de cancer du sein en pré-ménopause et non pas pour le cancer postménopausique.(16) . Les effets positifs des phyto-oestrogènes à faible dose seraient d'inhiber et de moduler les changements épigénétiques , pouvant prévenir l'expression et la production des protéines pro-oncongènes. C'est cette hypothèse pouvant expliquer la faible incidence de certains cancers dans la population asiatique qui en consomme en plus grande quantité que les caucasiens et depuis le plus jeune âge.(16)

 

Conclusion sur les produits à base de soja : 
- ne semble pas avoir un effet protecteur pour les femmes occidentales le consommant à l'âge adulte,
- privilégier les préparations traditionnelles avec du soja biologique,
- limiter à une ou deux fois par semaine et en quantité pour pouvoir bien le digérer sauf si l'on est d'origine asiatique,
- non recommandé depuis 2002 par la Haute Autorité de Santé pour les femmes ayant eu un cancer du sein.

 

Aliment (kg/habitant/an) France Italie Japon USA
Total viande 87 84 50 115
Boeuf 24 19 9 36
Porc 33 40 20 27
Volaille 23 19 19 50
Poisson, fruits de mer 33 25 49 22
Produits laitiers excluant le beurre  241  246 72 254
Sucre, édulcorant 39 32 27 64
Fruits 114 140 53 104
Légumes 97 129 102 113
dont Soja 0,05 0,01 7 0,04

 

  • Une incidence des cancers du sein moins élevée chez les grandes consommatrices de produits biologiques

J'arrive à l'étude faite par des chercheurs français sur la base de l'étude NutriNet-Santé citée en introduction.

 

En préambule, les chercheurs nous disent, ce qui n'est surprenant, que "Plusieurs études ont rapporté une forte association positive entre la consommation régulière d'aliments biologiques et des habitudes alimentaires et styles de vie sains." Par conséquent, les chercheurs confirment que "ces facteurs doivent être soigneusement pris en compte dans les études étiologiques dans ce domaine de recherche." 

 

Selon l'étude un rapport de l'Autorité européenne de sécurité des aliments de 2018, 44 % des échantillons d'aliments issus de l'agriculture conventionnelle contenaient un ou plusieurs résidus quantifiables, tandis que 6,5 % des échantillons biologiques contenaient des résidus de pesticides mesurables.

 

Au sujet de cette étude, voici un extrait de ce qui est publié sur le site Léon Bérard, centre régional de lutte contre le cancer basé à Lyon (17). "Au cours des 7 années de suivi (2009‐2016), 1 340 nouveaux cas de cancers ont été enregistrés et validés sur la base des dossiers médicaux. Une diminution de 25% du risque de cancer (tous types de cancers confondus) a été observée chez les consommateurs « réguliers » d’aliments bios comparés aux consommateurs plus occasionnels. Cette association était particulièrement marquée pour les cancers du sein chez les femmes ménopausées (‐34 % de risque, score bio élevé versus bas) et les lymphomes (‐76 % de risque). La prise en compte de divers facteurs de risque pouvant impacter cette relation (facteurs sociodémographiques, alimentation, modes de vie, antécédents familiaux) n’a pas modifié les résultats."

 

"Les résultats de l’étude montrent que, dans cette étude de cohorte menée en population générale auprès de 68 946 adultes français, une fréquence plus élevée de consommation d’aliments issus de l’agriculture biologique était associée à un risque réduit de cancer ; si les résultats sont confirmés par d’autres études, la promotion de la consommation d’aliments biologiques dans la population en général pourrait constituer une stratégie préventive prometteuse contre le cancer."

 

>> CONCLUSIONS SUR LES FACTEURS DE RISQUES INDIVIDUELS 

  

Il apparait clairement que, si nous adoptons une alimentation biologique, limitée en viande, modérée en produits laitiers et en sucre, tout en limitant fortement la consommation d'alcool et de tabac, nous pouvons réduire considérablement les risques de cancer du sein. Le rapport du Centre international de Recherche sur le Cancer et de l’Institut national de 2015,  rappellent que nous pouvons prévenir 40 % des cancers en modifiant nos comportements et nos habitudes de vie. Si à cela d'ajoute une alimentation biologique, au vu de l'étude Nutrinet-Santé, on arrive bien au delà de 50%. Comme nous le verrons plus loin, c'est d'autant plus essentiel à des moments clés chez la femme - à la pré-adolescence et à partir de la pré-ménopause où la pollution environnementale en xéno-oestrogènes semblent plus susceptibles de nous impacter.

 

Cependant, il est essentiel d'éviter une approche simpliste du sujet. Accéder à des aliments biologiques ne suffit pas à lui seul. Il faut également disposer du temps et de la disponibilité mentale pour cuisiner, manger dans un environnement calme et apaisé, et respecter des horaires réguliers afin de favoriser une bonne digestion et d’éviter l’accumulation de toxines (Ama). Or, de nombreuses femmes se trouvent dans des situations précaires : vivant dans des conditions de pauvreté, avec des emplois aux horaires décalés, élevant seules leurs enfants, et, comme nous le verrons plus loin, souvent exposées à une pollution de l'air plus élevée, habitant à proximité des axes routiers des grandes villes. De plus, un grand nombre d’entre elles subissent un stress et une anxiété intenses, qui peuvent les pousser parfois vers des addictions comme l'alcool ou la cigarette. Cela soulève une réflexion plus large sur notre modèle de société, qui semble lui-même malade et contribue à nous rendre malades.

 

Ainsi s'il est toujours très délicat de faire des comparaisons, en voilà une que j'ose faire et qui est édifiante : 

« Avec près de 60 000 cas par an en France, ce cancer (du sein) représentait un coût de 3,5 milliards en 2019 pour l'Assurance Maladie », indique Jean-Jacques Zambrowski, médecin et expert en politique et économie de la santé. 

En parallèle, l’aide prévue pour la conversion à l’agriculture biologique en 2024 s’élève à seulement 90 millions d’euros. Un rapport de 1 à 25 qui me choque et me laisse étourdie !

 


>> L'IMPREGNATION HORMONALE NATURELLE ET MEDICAMENTEUSE

 

> LE ROLE DES OESTROGÈNES  

 

Rappelons tout d'abord que les oestrogènes sont des hormones féminines qui agissent sur beaucoup de tissus de l’organisme féminin notamment les ovaires mais aussi sur la glande mammaire, le squelette, la peau et les muqueuses, le système cardiovasculaire, le cerveau, le système digestif. Le tissu graisseux et la glande mammaire peuvent produire une petite quantité d’oestrogènes après la ménopause.

 

L’intervalle entre l’apparition des bourgeons mammaires et le premier cycle menstruel (ménarche) est en général de 2 à 3 ans. Dans les pays occidentaux, les jeunes filles ont leur premier cycle en moyenne à l’âge de 13 ans, mais l’amplitude est large. La maturation des seins se fait jusqu'à 18 ans.

 

> IMPREGNATION HORMONALE ET RISQUES DE CANCER DU SEIN 

 

Plusieurs facteurs hormonaux modulent le risque de cancer du sein. Ce risque est notamment corrélé à l’imprégnation estroprogestative, qui dépend de la durée de la période qui se situe entre la puberté (ménarche) et la ménopause.

  • Imprégnation hormonale naturelle

Ce qui fait baisser les risques :

- avoir son premier enfant tôt (avant 30 ans) 

- avoir plusieurs enfants 

- l'allaitement (les études se contredisent toutefois)

 

Ce qui fait augmenter les risques

- règles apparues avant l'âge de 12 ans

- ménopause tardive (après 55 ans)

- traitements hormonaux de la ménopause  

- pilule 

  • Traitements hormonaux de la ménopause  (THS)

Selon l'Institut National du cancer, deux études importantes américaines (WHI) et britanniques ( la Million Women Study - MWS) avaient démontré le lien entre THS et risque accru de cancer du sein  lors d'une utilisation de plus de cinq années. En effet, les traitements hormonaux de substitution à la ménopause prolongent cette imprégnation naturelle. 

C'est à la suite de ces deux études qu'à partir de 2004 les THS ne sont plus proposés de manière systématique aux femmes mais seulement lorsque les symptômes de la ménopause altèrent de manière trop importante la qualité de vie de la femme, dans une perspective de bénéfices/risques. 

 

D'après le site du centre belge d'information pharmacothérapeutique, "Une méta-analyse publiée en ligne dans The Lancet (29/08/2019) a évalué les données sur le traitement hormonal de substitution (THS) et le risque de cancer du sein, provenant d’études de cohorte prospectives (publiées et non publiées) chez un total de plus de 100000 femmes. Les auteurs concluent que, à l’exception des estrogènes administrés par voie vaginale, tous les traitements hormonaux de substitution augmentent le risque de cancer du sein. 

Le risque de cancer du sein augmente avec la durée d’utilisation. Il est absent ou très faible lors d’une utilisation de moins d’un an et augmente progressivement par après. Selon les auteurs de la méta-analyse, chez une femme ménopausée de 50 ans, de poids moyen et qui ne prend pas de THS, le risque absolu de cancer du sein sur une période de 20 ans (donc jusqu’à l’âge de 69 ans inclus) est estimé à 6,3%." (18)

En revanche, chez une patiente du même âge, ayant été traitée pendant 5 ans par traitement hormonal avec œstrogènes et progestérone en continu, cette probabilité s’élève à 8,3 %. Dans des conditions de délivrance et de durée identiques (5 ans), un traitement hormonal intermittent associant œstrogènes et progestérone représente 7,7 % de probabilité, contre 6,8 % chez les patientes traitées seulement par œstrogènes."

  • Pilule oestroprogestative

Me voilà arrivée à un point très déconcertant tant je trouve d'informations contradictoires. Il y a une minimisation totale du risque du côté des professionnels de la gynécologie ( Collège national des gynécologues et obstétriciens) qui sur son site écrit "L’augmentation du risque de cancer n’a pas été prouvé actuellement avec un recul de 40 ans et des millions d’utilisatrices." (19)

De l'autre côté, selon une expertise du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) menée en 2005 et actualisée en 2012, les pilules combinées entraîneraient une légère hausse du risque de cancers du sein, du col de l’utérus et du foie : une femme sous pilule combinée semble accroître légèrement son risque de cancer du sein, en particulier les jeunes femmes qui la prennent depuis peu et celles qui l’utilisent depuis 10 ans ou plus. Le risque revient à la normale 10 ans après avoir cessé de la prendre (20).

 

Du côté de certains professionnels du cancer du sein, comme par exemple, l'Institut du Sein Henri Hartmann à Paris, ont nous cite l'étude danoise ( 1,797,932 femmes danoises âgées de 15 à 49 ans et se déroulant sur 10 ans) qui conclut que la prise d’un contraceptif hormonal accroît le risque de cancer du sein d’environ 20% ! L'institut toutefois souligne que bien qu’elle fasse référence en la matière, cette étude comporte cependant certaines limites puisqu’elle ne prend pas en compte les autres facteurs connus pour favoriser l’apparition de tumeurs mammaires, à savoir l'alcool, le surpoids, le tabac, l'alimentation. De plus, elle met en cause tous les contraceptifs hormonaux et non uniquement la pilule oestroprogestative. (21)

  

Il est frappant de noter que la France figure parmi les pays où les femmes ont le plus recours à la contraception orale.À l’inverse, les Japonaises en font un usage bien moindre. Selon une étude du Planning familial japonais, seulement 3 % des Japonaises utilisaient des contraceptifs hormonaux en 2002 (22), contre 55 % des Françaises à la même période.

Depuis 2010, il y a une baisse continue du recours à la pilule en France : 36% en 2016 (23) jusqu'à 27% en 2023 selon une étude de l'Inserm sur le « Contexte des sexualités en France". (24)

 

> CONCLUSIONS

 

Voici donc quelques éléments supplémentaires pouvant eux aussi expliquer ce taux d'incidence élevée en France.

 

Heureusement en terme de contraception, les pratiques en France se modifient en profondeur depuis quelques années et tendraient donc à réduire sensiblement cette imprégnation hormonale. En effet, le stérilet en cuivre, extrêmement efficace, est devenu le mode de contraception le plus utilisée par les françaises.(24)

 

Cependant, il est essentiel de conserver une approche équilibrée. Pour une jeune fille sexuellement active, la pilule demeure souvent une option préférable afin d’éviter une grossesse non désirée. Néanmoins, son usage pour d’autres motifs, tels que les douleurs prémenstruelles ou l’acné, mérite d’être interrogé. À cet égard, la pharmacopée européenne offre des plantes riches en phytohormones, reconnues pour leur efficacité dans la régulation du cycle féminin. Certaines de ces plantes, utilisées depuis des siècles par les médecines traditionnelles, se révèlent également intéressantes pour atténuer les symptômes de la périménopause. Elles représentent une alternative pertinente pour les femmes, bien que, dans les cas où les symptômes affectent gravement la qualité de vie, les traitements hormonaux substitutifs (THS) restent souvent indispensables. 

 

 

>> L'IMPREGNATION HORMONALE PAR LA POLLUTION ENVIRONNEMENTALE  

 

Si on raisonne à l'envers, au vu de l'étude NutriNet-Santé, la pollution environnementale par l'alimentation représenterait donc 30% des facteurs de risque pour le cancer du sein. Au vu des dernières études sur l'impact de la qualité de l'air et l'eau, on peut raisonnablement conclure que c'est parfois beaucoup en fonction de la pollution atmosphérique et des nappes d'eau souterraine.

 

> ETAT DES LIEUX ET DES CONNAISSANCES SUR LES PERTURBATEURS ENDOCRINIENS 

 

D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), « les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques d’origine naturelle ou artificielle étrangères à l’organisme qui peuvent interférer avec le fonctionnement du système endocrinien et induire ainsi des effets néfastes sur cet organisme ou sur ses descendants » (1). La contamination se fait à la fois par notre alimentation et l'eau, tous les produits qui rentrent en contact avec notre peau et l'air.

 

Dans une publication de 2019, l'Institut national du cancer, écrit : "dans le domaine de l’alimentation, la contamination peut, quant à elle, provenir de la migration de substances chimiques depuis l’emballage, de résidus hormonaux dans la viande ou de résidus de pesticides ou de métaux lourds (l’arsenic et l’antimoine sont des perturbateurs endocriniens suspectés) dans les viandes, poissons, céréales, fruits ou légumes."

"De plus, certains perturbateurs endocriniens sont des composés solubles dans les corps gras : ils sont lipophiles, c’est-à-dire qu’ils se fixent sur le tissu adipeux, et peuvent facilement s’accumuler dans les graisses de différentes espèces et contaminer une grande partie de la chaîne alimentaire. Il s’agit du principe de bioaccumulation. Ces substances se retrouvent encore plus concentrées dans les derniers maillons de la chaîne alimentaire : la viande, le lait, les gros poissons (25).

  • Les effets sur la santé

Les perturbations de l’homéostasie de l’organisme par ces substances peuvent avoir des répercussions diverses sur la santé humaine. Les altérations sur les fonctions de reproduction (baisse de la qualité du sperme, augmentation de la fréquence d’anomalies du développement des organes ou de la fonction de reproduction), l’abaissement de l’âge de la puberté, les cancers hormonodépendants, la perturbation du fonctionnement de la thyroïde, du développement du système nerveux et du développement cognitif, ou encore des troubles métaboliques tels que le diabète de type 2 et l’obésité sont celles qui font l’objet de plus d’études, selon l'Institut national du cancer.

 

Nous savons désormais que les effets sur la santé peuvent se transmettre aux générations suivantes. Un exemple marquant lié au cancer du sein est celui du Distilbène, une hormone de synthèse prescrite en France entre 1948 et 1977, connue pour son action de perturbateur endocrinien. Une vaste étude épidémiologique menée en 2014 sur 100 000 descendants a révélé que le risque de cancer du sein était multiplié par deux chez les 80 000 "filles DES" exposées in utero à cette substance.

  • Lien avéré entre pollution de l'air et cancers du sein
Paris se distingue ainsi par un taux de cancers du sein 15% au-dessus de la moyenne nationale, tous âges confondus, y compris pour les femmes de moins de 50 ans (26). En effet selon l'Inserm, l’effet estimé du dioxyde d’azote était plus élevé pour les cancers du sein hormono-dépendants (dont les tumeurs expriment des récepteurs de l’œstrogène et de la progestérone), bien que toutes les études n’aient pas pu considérer ce critère. Les chercheurs estiment qu’environ 1700 cas de cancer du sein, soit environ 3 % des cas survenant annuellement en France pourraient être attribués à cette exposition et aux autres polluants associés au dioxyde d’azote.

Le département Prévention Cancer Environnement du Centre Léon Bérard (CLB), centre de lutte contre le cancer de Lyon et Rhône-Alpes, a présenté les résultats de l’étude XENAIR, financée par la Fondation ARC. Il s’agit d’une étude de grande envergure dont l’objectif était d’étudier l’association entre le risque de cancer du sein et l’exposition chronique à faible dose à 8 polluants atmosphériques. 5 de ces polluants sont associés à une augmentation entre 9% et 19% du cancer du sein (27).

  • Une qualité de l'eau qui se dégrade en France

A l'heure où je finalise cet article, trois inspections générales pointent l’«échec global » de la protection de l’eau potable face aux pesticides en France. Les inspecteurs rattachés aux ministères de l’agriculture, de la santé et de la transition écologique dénoncent le mauvais état des ressources hydriques françaises et la dégradation générale de la qualité de l’eau potable, pour cause de contamination généralisée par les pesticides et leurs produits de dégradation (ou « métabolites »).  

 

> RECOMMANDATIONS 

Il est difficile, voire impossible, de se protéger totalement de la pollution environnementale à ce jour. Cependant, certaines périodes de la vie de la femme sont particulièrement sensibles, et la sagesse ayurvédique peut offrir des conseils précieux pour en minimiser les risques.

  • Protéger les femmes en pré-conception et enceinte 

 En Ayurvéda, la période de préconception était traditionnellement un moment clé où le couple souhaitant concevoir consultait un vaidya (médecin ayurvédique traditionnel) pour détoxifier leur corps de l’Ama (toxines) et rééquilibrer leurs doshas.  L’objectif était d’optimiser la qualité de l’ovule et du spermatozoïde afin de favoriser la naissance d’un enfant en bonne santé. Parallèlement, cette préparation visait à renforcer la santé de la femme avant la grossesse, réduisant ainsi les risques pour sa santé pendant la gestation et l’accouchement.

 

De plus, les recommandations pour la femme enceinte mettaient l’accent sur la réduction de la fatigue et du stress durant le premier trimestre. Ces précautions avaient pour but de maintenir l’équilibre du dosha Vata, afin de prévenir les risques de fausse couche et de préserver l’énergie de la future mère. Aujourd’hui, nous savons que ce premier trimestre est une phase cruciale, au cours de laquelle tous les organes se forment. Par exemple, c’est autour de la 6ᵉ semaine que les cellules sexuelles primitives commencent à se développer.

 

Une alimentation absolument biologique, minimiser l'utilisation des plastiques dans l'alimentation, privilégier le verre pour conserver les aliments,  la minimisation le plus possible du contact de la peau avec des produits chimiques (peinture, produits d'entretien, cosmétiques) le plus possible en amont de la grossesse et pendant. 

  • Protéger les très jeunes filles

La période de la formation des seins semble être aussi une période sensible. Si les jeunes japonaises sont plus protégées du cancer du sein pré-ménopausique du fait d'une alimentation à base de soja contenant des phyto-oestrogènes, on peut raisonnablement penser que c'est donc une période très sensible par rapport à l'exposition des xéno-oestrogènes de l'environnement. C'est sans doute l'une des questions soulevées, entre autres, par les jeunes femmes signataires de la Tribune dans Le Monde, ayant été touchées par un cancer du sein avant l'âge de 50 ans.

En l'absence de preuve absolue, les mêmes recommandations que pour les femmes enceintes devraient être mises en place avec les très jeunes filles (et tous les enfants) : une alimentation la plus biologique possible à la maison à défaut de l'être à l'école (10% seulement de produits biologiques dans les cantines en France), des produits cosmétiques biologiques, et la minimisation du vernis à ongles...

  • Protéger les femmes à partir de 45 ans

Dans sa thèse en pharmacologie, Diane Marie Farail, nous dit que les estrogènes exogènes ou xéno-œstrogènes se lieraient de manière compétitive avec les œstrogènes endogènes (ceux produits naturellement par le corps) qui commencent à décliner fortement vers 45 ans. En toute logique, la femme deviendrai donc plus vulnérable à la pollution environnementale à la ménopause. C'est ce qui m'a été enseigné en Ayurvéda.

 

En Inde, il est traditionnel pour les femmes ménopausées de consommer des plantes rajeunissantes, appelées Rasayana, telles que le célèbre Shatavari, riche en phyto-œstrogènes. Le Shatavari et son homologue américain le Cimicifuga, la plante la plus efficace contre les bouffées de chaleur, pourraient-ils protéger les femmes ménopausées en se liant aux récepteurs œstrogéniques, limitant ainsi la possibilité  des xéno-œstrogènes issus de la pollution environnementale de s'y installer? 

 

Des recherches menées en Inde, au Canada et aux États-Unis mettent en lumière les propriétés de ces précieuses plantes. Une étude in vitro sur l'Asparagus racemosus (Shatavari) a démontré son action antiproliférative sur les cellules cancéreuses du sein. De leur côté, des chercheurs de la Faculté de médecine de l'Université Laval, au Canada, ont prouvé que l'Actée à grappes noires (Cimicifuga racemosa) inhibe également la croissance de ces cellules. Ces résultats ont été corroborés par une équipe de l'hôpital universitaire de Zurich, qui a étudié in vitro l'interaction entre la Cimicifuga racemosa et les cellules cancéreuses du sein. Leur étude confirme que les extraits de cette plante exercent un effet inhibiteur sur la prolifération des cellules cancéreuses en favorisant leur apoptose (mort cellulaire programmée).

 

Le Cimicifuga, (Black cohosh) a été aussi le sujet de plusieurs études pour valider que son utilisation ne favorisait pas les cancers du sein (28) puis d'autres pour valider que la plante pouvait être utilisée auprès de femmes ayant eu un cancer du sein et souffrant de bouffées de chaleur (29)

  • Des plantes sûres pour traiter les symptômes de la péri-ménopause et du cycle hormonal

Nous disposons de plantes sûres qui, lorsqu'elles sont utilisées de manière appropriée selon une approche ayurvédique prenant en compte à la fois les symptômes et la Prakriti (constitution de chaque femme), peuvent apporter un soulagement à de nombreuses femmes à tous les âges de leur vie. Ces traitements peuvent également offrir une alternative pour réduire la durée de prise de THS chez celles qui, en raison de la gravité de leurs symptômes, doivent y avoir recours. (Voir mon article sur la ménopause.)

 


>> MES CONCLUSIONS : PREVENTION D'UN POINT DE VUE AYURVEDIQUE 

 

 Voici mes conclusions personnelles, qui reflètent à la fois ma compréhension des facteurs de risque avérés et probables du cancer du sein, ainsi que ma compréhension de l'Ayurvéda à ce stade de ma pratique. 

 

Selon l'Ayurvéda, notre constitution individuelle (Prakriti) détermine nos prédispositions à certains déséquilibres et, par conséquent, à certaines maladies.J'ai donc regroupé les facteurs de risques suivant ce que nous enseignent l'Ayurvéda en terme de prédisposition générale.

 

Dans l'Ayurvéda, la qualité d'Agni, notre feu digestif, est essentielle pour toutes les constitutions. Un Agni équilibré, garantissant le bon fonctionnement du système digestif et du foie, ainsi qu'un transit efficace, nous aide à éliminer une partie des polluants présents dans l'alimentation, l'eau et l'air. Un bon Agni limite la formation d'Ama (nourriture mal digérée), considéré comme un terreau propice aux maladies en Ayurvéda. Il permet également de maintenir un poids de forme, en évitant l'accumulation de tissu graisseux, où se stockent les polluants chimiques lipo-solubles.

 

Je ne reviendrai pas sur le fait qu'indépendamment de notre constitution, il est essentiel de privilégier les aliments biologiques.  Si des choix économiques s'imposent, il est recommandé de prioriser en premier lieu les produits d'origine animale (viandes, laitages, beurre), suivis des huiles, puis des céréales et légumes que nous consommons le plus fréquemment.

 

> FEMMES DE PRAKRITI KAPHA ou MIXTE K/V et K/P

 

Ces femmes ont souvent une tendance naturelle à prendre du poids plus facilement que les autres constitutions, surtout après la ménopause. Selon l'Ayurvéda, elles présentent également une ménopause généralement plus tardive et sont plus susceptibles de développer des seins fibrokystiques, accumulant ainsi plusieurs facteurs de risque. Dotées d'une bonne constitution, elles tombent rarement malades, sauf pour des affections comme des congestions ou des rhumes. Cependant, au fil des années, elles peuvent accumuler silencieusement des toxines dans leur tissu adipeux, et notamment des xéno-œstrogènes.

 

L'Ayurvéda recommande pour ces constitutions : 

 

- un régime alimentaire le plus végétalien et le plus léger possible, en tout cas un régime qui minimise au maximum les produits laitiers et les viandes grasses, minimise aussi  le sucre, ce qui inclut une consommation limité de fruit et bien sur d'alcool,

- l'utilisation d'épices et herbes digestives pour soutenir le feu digestif Agni qui est naturellement un peu faible et encore plus après 45 ans,

- une alimentation avec beaucoup de légumes verts et de fibres pour favoriser un bon transit et permettre aux polluants (xéno-oestrogènes) d'être bien éliminés,

- de l'exercice physique suffisamment intense pour transpirer et évacuer les toxines régulièrement,

- un ou deux périodes de diète notamment en janvier/février pour favoriser la détoxination du corps,

- l'utilisation de plantes amères et piquantes dans le cas d'une poitrine ayant une tendance fibrokystique.

 

> FEMMES DE PRAKRITI PITTA ou MIXTE P/V et P/K

 

Ces femmes disposent souvent d'un excellent feu digestif. Il y a une certaine intensité dans cette constitution et certaines peuvent avoir tendance à manger et boire un peu de trop, ce qui, après 45 ans, peut entraîner aussi une prise de poids. Elles sont également plus sujettes aux inflammations que les autres constitutions, un terrain qui peut favoriser le développement de cancers. Dans ce profil, on peut retrouver de nombreuses femmes actives, diplômées et occupant des postes à responsabilité, qui adoptent une consommation d'alcool mondaine ou festive relativement régulière en fin de semaine. Elles n'ont souvent pas conscience que leur consommation d'alcool est excessive (au regard des risques de cancers du sein) d'autant plus que cette consommation reste vraisemblablement modérée par rapport à celle de leur entourage masculin. 

 

L'Ayurvéda recommande pour ces constitutions : 

 

- un régime alimentaire le plus végétarien possible, ou privilégiant les viandes blanches,

- de minimiser la consommation de fromages et d'une nourriture trop grasse et trop salée,

- une alimentation rafraichissante de saveur douce (céréales, légumes racines) et amer (légumes verts, choux, salades),

- attention aux épices fortes (piment, moutarde...),

- une consommation d'alcool très modérée pour ne pas augmenter la chaleur dans le corps,

- des pratiques relaxantes et détendantes pour faire redescendre le stress,

- l'utilisation de plantes amères rafraichissantes voire détoxinantes notamment au printemps (avril/mai).

 

> FEMMES DE PRAKRITI VATA ou MIXTE V/P et V/K

 

Les femmes Vata sont généralement  minces. Toutefois leur feu digestif plus variable peut favoriser la création de toxines d'Ama. Dans le déséquilibre, elles peuvent être attirées par une alimentation de type snacking, avec une préférence marquée pour le sucre et les produits transformés. Leur organisme réagit également très rapidement aux substances stimulantes comme le café ou l'alcool. D'une nature légèrement plus anxieuse et sujette aux comportements addictifs, il est probable que le tabagisme soit plus répandu parmi les femmes de constitution Vata, qui pourraient y chercher une forme de relaxation ou de réconfort. Cela reste une hypothèse de ma part, faute d'études disponibles à ce sujet. 

 

L'Ayurvéda recommande pour ces constitutions : 

 

- un régime alimentaire mixte le plus biologique possible,

- de la régularité dans les horaires de repas pour garantir une bonne digestion,

- une alimentation chaude, cuite, onctueuse, limiter le cru en dehors de l'été,

- minimiser le sucre raffiné et les produits industriels de type snacking salé,

- des pratiques relaxantes et dans la nature pour diminuer le stress, l'anxiété.

 

> CONCLUSION

 

Si l'Ayurveda, cette médecine traditionnelle millénaire, ne nous préserve pas de toutes les maladies,  elle propose bien une approche préventive du cancer du sein basée sur l'équilibre des doshas (Vata, Pitta, Kapha) et le maintien d'une bonne santé globale. Toutes ses recommandations en terme de de mode de vie et d'alimentation vise à renforcer notre immunité, à minimiser et éliminer les toxines, à réguler le fonction hormonale féminine et à observer les signaux précoces de déséquilibre dans le corps. 

 

L'Ayurveda ne remplace pas les outils modernes de dépistage et de traitement, mais peut être complémentaire dans une approche globale de prévention et dans le futur dans le traitement de la maladie. Comme évoqué au début de cet article, un domaine de recherche dynamique a émergé concernant le rôle du microbiome intestinal dans le cancer et dans l'efficacité des traitements. En Inde, le Centre TATA de Recherche contre le cancer a lancé une recherche dont l'objectif est d"étudier l'association entre Prakriti et les résultats du cancer du sein à un stade précoce ou localement avancé". Cette étude propose d'examiner la variabilité interindividuelle des résultats du cancer du sein, de la toxicité et de la qualité de vie en intégrant les principes ayurvédiques avec des méthodes modernes d'investigation. Cette approche permettra de comprendre l'importance de la Prakriti dans la prévision de la sécurité et de l'efficacité des traitements contre le cancer et dans l'avenir imaginer d'intégrer aux soins oncologiques l'approche ayurvédique pour rétablir l'équilibre microbien.

 

J’espère que, face à l’ampleur de la pollution et aux défis sanitaires qu’elle engendre, nous sortirons bientôt de la dualité  pour intégrer la richesse des médecines traditionnelles à nos médecines modernes. Cela permettrait de développer une véritable médecine préventive, individualisée, capable de réduire les drames humains liés aux maladies ainsi que les coûts astronomiques que nos sociétés peinent de plus en plus à assumer.

 

Merci de votre attention et n'hésitez pas à diffuser cet article. Gwenaëlle.

 


SOURCES :

1) Article du Monde publié le 4 novembre 2024 : "Des institutions scientifiques entretiennent le doute sur les bénéfices du bio" de Stéphane Foucart.

2)  Tribune du 19 octobre publié dans le Monde :  « Face à la progression constante des cancers du sein, nous appelons à donner plus de moyens à la recherche afin de mieux cibler les facteurs de risque ».

3)  Épidémiologie des cancers du sein, Hélène Sancho-Garnier et Marc Colonna; La presse médicale, septembre 2019, www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0755498219304105

4) Santé Publique France, Environnement socioéconomique et incidence des cancers en France, 2016, 

http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2017/4/pdf/2017_4_1.pdf

5) Integrating ayurvedic medicine into cancer research programs part 1: Ayurveda background and applications, Julia T Arnold (PhD MS), 2022 publié sur PubMed https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC10307688/

6) https://www.e-cancer.fr/Comprendre-prevenir-depister/Se-faire-depister/Depistage-du-cancer-du-sein/Prevenir-et-depister-tot

7) https://www.who.int/europe/fr/news/item/20-10-2021-alcohol-is-one-of-the-biggest-risk-factors-for-breast-cancer

8)  Déterminants de la consommation de boissons alcoolisées dans l'Étude NutriNet-Santé, France, 2019. www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/alcool/documents/article/determinants-de-la-consommation-de-boissons-alcoolisees-dans-l-etude-nutrinet-sante-france

9) Évolutions de la morbidité et de la mortalité liées au tabagisme chez les femmes en France métropolitaine : une situation préoccupante. Santé Publique France, 2018. www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/tabac/documents/article/evolutions-de-la-morbidite-et-de-la-mortalite-liees-au-tabagisme-chez-les-femmes-en-france-metropolitaine-une-situation-preoccupante 

10)  WHO global report on trends in prevalence of tobacco use 2000–2030. www.who.int/activities/monitoring-tobacco-use

11) Etude épidémiologique sur le surpoids et l'obésité, 2024. www.obecentre.fr/wp-content/uploads/2024/06/Etude-epidemiologique-sur-le-surpoids-et-lobesite-Odoxa-LNCO-OFEO-2024-ConfPresse.pdf

12) Prévalence du surpoids chez les adultes, OMS www.who.int/data/gho/data/indicators/indicator-details/GHO/prevalence-of-overweight-among-adults-bmi--25-(age-standardized-estimate)-(-) 

13) Les cancers du sein dans le monde H.Sancho-Garnier. Prévention du cancer du sein (mythe ou réalité ?), nov .2008https://hal.science/hal-03575389/document 

(14)  www.roswellpark.org/fr/cancertalk/201707/breast-cancer-rates-rising-among-japanese-women

(15) https://observatoireprevention.org/2021/03/09/pourquoi-les-japonais-ont-ils-lesperance-de-vie-la-plus-elevee-au-monde/

(16) Le soja et ses phyto-estrogènes : les impacts sur différentes phases de notre vie Diana Marie Farail - thèse Docteur en Pharmacie - Université de Bordeaux -2020

(17) Léon Bérard, centre régional de lutte contre le cancer. www.cancer-environnement.fr/fiches/informations-generales/consommation-aliments-biologiques-et-risque-de-cancer/

(18) Centre belge d'information pharmacothérapeutique - www.cbip.be/fr/traitement-hormonal-de-substitution-et-risque-accru-de-cancer-du-sein-invasif

(19) https://cngof.fr/espace-grand-public/la-contraception/

(20) https://www.e-cancer.fr/Comprendre-prevenir-depister/Reduire-les-risques-de-cancer/Traitements-hormonaux/Pilules-contraceptives

(21) https://ishh.fr/cancer-du-sein/pilule-contraceptive-quel-impact-sur-le-risque-de-cancer-du-sein/

(22) https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC8824660/  Prevalence of the Use of Oral Contraceptives and Hormone Replacement Therapy in Japan: The Japan Nurses’ Health Study

(23) www.ined.fr/fichier/s_rubrique/27050/549_ang_population.societes.novembre2017.contraception.fr.pdf 

(24) "Contexte des sexualités en France" https://presse.inserm.fr/wp-content/uploads/2024/11/rapp_CSF_web.pdf

(25)  www.e-cancer.fr/Comprendre-prevenir-depister/Reduire-les-risques-de-cancer/Environnement/Les-perturbateurs-endocriniens

(26) Telle-Lamberton M, Karusisi N, Saunal A. Cancers et inégalités territoriales en Île-de-France : Analyses spatiales. Paris : Observatoire régional de santé Île-de-France, 2016.

(27) https://presse.inserm.fr/cancer-du-sein-la-pollution-atmospherique-associee-a-un-risque-accru/43037/

(28)https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23439657/  Black cohosh and breast cancer: a systematic review

(29) https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21231853/ Black cohosh (Cimicifuga racemosa) in tamoxifen-treated breast cancer patients with climacteric complaints - a prospective observational study

 


NOTRE ADRESSE

10 rue du Loquidy à Nantes - quartier St Félix

Tramway > ligne 2 - arrêt Michelet / Bus > lignes 23 et 10 - arrêt Michelet

 

NOUS CONTACTER

contact@ayog.fr

09 51 47 09 02


 

 

Plus d'info sur Ayog : l'enseignement, les cours hebdomadaires sur www.ayog.fr