Le cycle saisonnier des doshas - partie 2

 

Dans cet article, nous allons explorer la saisonnalité des doshas au fil de l'année et voir comment prévenir les déséquilibres (ou maladies) en intégrant ces variations dans notre quotidien.

 

La Caraka Samhità, l'un des textes les plus importants en médecine ayurvédique, place le temps au premier rang des causes de maladies, soulignant ainsi son rôle crucial. Elle stipule : « Le mauvais usage, le non-usage et l'usage excessif du temps, de l'intellect et des objets des sens sont la triple cause des troubles mentaux et physiques. » (Sutra 54, chapitre 1 de Sūtrasthāna).

 

Cette notion peut sembler complexe, car il est souvent difficile d'établir un lien entre certains problèmes de santé, comme l'insomnie ou des troubles digestifs, et l'arrivée de l'automne. En effet, on reprend généralement une routine plus stable après les vacances d'été. Pourtant, il se peut que le dosha Vata (de nature sèche) ait été perturbé durant un été et une arrière saison particulièrement chauds et secs, et que ses déséquilibres ne se manifestent qu'avec l'arrivée du froid, en octobre ou novembre.

 

Je vous expliquerai cela plus en détail dans la suite de cet article. Mon objectif, comme toujours, est de vous aider à mieux comprendre la logique ayurvédique.

 

Si vous n'avez pas encore lu les articles précédents sur les doshas Vata, Pitta et Kapha ou l'article précédent sur le cycle des doshas, je vous recommande vivement de les consulter avant de continuer, car ils apportent des bases essentielles pour bien saisir les principes de l'ayurvéda.

 

>> KALA : LE TEMPS : RAPIDE OU LENT 

 

Avant d'aborder la saisonnalité des doshas, prenons un moment pour observer deux qualités fondamentales du temps : la rapidité et la lenteur. Nous les expérimentons au quotidien dans notre façon d'agir, de parler, de manger... Il est important de rappeler que le dosha Vata se caractérise par la rapidité, tandis que Kapha est au contraire lent. Quant à Pitta, il est rapide mais moins que Vata. Par conséquent, une personne de constitution Vata pure parlera probablement bien plus vite qu'une personne de constitution Kapha.

 

Cette distinction entre rapidité et lenteur est essentielle pour comprendre l'origine d'un déséquilibre. Ainsi, lorsque vous consultez un praticien ayurvédique pour un problème spécifique, celui-ci vous posera des questions sur l'aspect temporel. Cela lui permet de recueillir des informations clés pour identifier le dosha en déséquilibre et évaluer si le respect du temps joue un rôle dans la perturbation du dosha. En principe, le praticien vous demandera de détailler la chronologie de l'apparition de vos symptômes, douleurs et autres déséquilibres. Ces éléments lui fourniront déjà des indices sur le dosha impliqué.

 

> La vitesse d'apparition du symptôme 

 

Si l'on transpose les notions de rapidité et de lenteur à une douleur ou à l'apparition d'un problème de peau, le praticien ayurvédique sera très attentif à savoir si ces manifestations surviennent rapidement ou, au contraire, s'installent sur plusieurs heures. Prenons l'exemple d'un mal de tête pour illustrer ce concept, bien que ce raisonnement s'applique à toute autre problématique. Un mal de tête qui apparaît soudainement et s'installe en moins d'une heure aura probablement une origine liée à Vata. S'il prend 2 à 3 heures pour se manifester, la cause pourrait plutôt être Pitta, tandis qu'une douleur qui s'installe lentement, sur 12 à 24 heures, sera probablement liée à Kapha.

 

> L'intensité du symptôme selon le moment de la journée ou de l'année

Un bon praticien complétera cette première analyse en tenant compte du moment de la journée où le symptôme s'aggrave ou s'atténue. Cela lui fournira des indications supplémentaires sur le dosha causal, car, comme nous l'avons vu , chaque dosha fluctue au cours de la journée et de l’année. Par exemple, votre problème peut s'accentuer en milieu de journée, en soirée, ou encore être plus présent en été ou en hiver. Toutes ces informations sont cruciales pour déterminer le dosha ou les doshas responsables de votre déséquilibre. 

 

 >> LE CYCLE DES DOSHAS AU COURS DE L'ANNÉE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

> Processus de la croissance et de décroissance des doshas au cours des saisons

Chaque dosha va connaître trois phases au cours de l'année, à tour de rôle il va jouer un rôle principal puis un rôle secondaire.

- Sanchaya : accumulation (augmentation) 

- Prakopa : aggravation (paroxysme)

- Prashama : pacification (diminution) 

 

La règle générale est que les doshas sont stimulés aux changements de saison. Si des déséquilibres physiques ou mentaux réapparaissent chaque année à la même période, c'est probablement qu'un des doshas s'est intensifié de trop les 2 ou 3 mois précédents.

 

Le dosha Kapha qui est humide, fluide est associé au début du printemps, en mars et avril, lorsque la chaleur revient et fait fondre la neige. Dans notre région où l’hiver est peu rigoureux, c’est le moment où la sève circule de nouveau avec force dans les plantes, marquant la transition entre l'hiver et le printemps.

 

Le dosha Pitta, intense et chaud, est lié à l’été, période où la chaleur prédomine en juillet et août. Pitta commence à s'accumuler dès avril et mai, quand la chaleur du soleil devient perceptible, que nous éteignons le chauffage et commençons à porter des vêtements plus légers. Cette transition du printemps à l’été contribue à aggraver Pitta.

 

Enfin, le dosha Vata, froid, sec, mobile et changeant, se manifeste davantage en fin d’automne. C'est une période charnière entre l’été et l’hiver, marquée par l’arrivée du froid et de fortes variations de température d’une semaine à l’autre. La sécheresse et le déclin de Vata se reflètent dans la nature dès la mi-octobre, avec les feuilles qui commencent à tomber des arbres jusqu'en décembre.

 

 

Écrivant cet article en cette fin de mois d’octobre, je vous propose donc de débuter par le dosha Vata.

 

 >> VATA & L'AUTOMNE

D'un point de vue ayurvédique, le dosha Vata est particulièrement dominant, ou "aggravé" comme on dit en Ayurveda, durant l'automne, une période souvent délicate pour ceux dont la constitution Vata (Prakriti) est déséquilibrée.

 

Ces personnes peuvent alors ressentir une plus grande instabilité du feu digestif, un sommeil plus irrégulier, une sensibilité accrue du système nerveux (stress, anxiété), davantage de douleurs articulaires et une fatigue plus marquée.

 

Pour bien comprendre cela, il faut savoir que la sécheresse, une des principales caractéristiques de Vata, s'accumule progressivement tout au long de l'été chez une constitution Vata, notamment en raison de la chaleur. Cela est amplifié par un manque d'hydratation, une alimentation trop sèche, rugueuse et légère (comme les crudités, par exemple). En plus de la chaleur, si le mode de vie est irrégulier, avec beaucoup de mouvements, de sollicitations — avec de nombreux voyages et sorties, comme c’est souvent le cas en été et à la rentrée —, le dosha Vata sera encore davantage perturbé.

 

Cependant, tant que la chaleur persiste, les signes de cet excès de Vata ne se manifesteront pas. Ils seront masqués. Ils apparaîtront avec l'arrivée du froid, c'est-à-dire, dans nos régions, à partir d'octobre ou novembre, provoquant alors une exacerbation des attributs de Vata : variabilité, mobilité, froideur, rugosité, etc.

 

Ainsi, un dosha Vata aggravé au mois d'août ou septembre peut ne se manifester qu'en novembre. L'Ayurvéda offre une précieuse clé de compréhension pour pour anticiper et prévenir ces déséquilibres. Pour une constitution Vata, cela implique de porter une attention particulière à son alimentation et à son hygiène de vie dès la fin de l’été et au début de l’automne. 

 

> Recommandations pour les constitutions VATA - vigilance septembre/octobre

 

La régularité et une alimentation riche sont les deux points importants.

 

Sur le plan alimentaire, il est important dès septembre de privilégier des repas cuits, nourrissants et onctueux, avec un apport suffisant en huiles et produits laitiers. C’est justement la saison des noisettes dans nos régions, ainsi que l’arrivée des courges sucrées.

Du point de vue de la dinacharya (routine quotidienne), c’est le moment de réintroduire plus de régularité dans nos horaires, tant pour les repas que pour le sommeil, et de reprendre la pratique de l’abhyanga, l'auto-massage à l'huile de sésame.

 

Pour la première fois cette année, j’ai ressenti un besoin impérieux de me masser quotidiennement les jambes et les bras à partir de fin septembre. À 52 ans, entrant dans la période Vata de la vie avec une constitution Pitta/Vata, mon corps a clairement réclamé ce dont il avait besoin pour se rééquilibrer.

 

> Un autre concept ayurvédique à avoir en tête 

 

Lorsque qu'un dosha est légèrement déséquilibré, son principe d'intelligence, que l’on pourrait aussi appeler homéostasie, va nous inciter à adopter des pratiques qui vont le rééquilibrer — dans mon cas, le massage.

Cependant, attention : lorsqu'un dosha est profondément perturbé et que le déséquilibre devient chronique, il peut alors rechercher ce qui l’aggrave. Par exemple, une personne de constitution Vata déséquilibré qui a du mal à se poser le soir et à se coucher sera encore plus attiré par les écrans et les séries addictives, ce qui ne fera qu’amplifier son déséquilibre.

 


 >> KAPHA & FIN HIVER / PRINTEMPS

L'aggravation de Kapha se fait à l'arrivée de la chaleur, c'est-à-dire au printemps car la chaleur a le pouvoir de liquéfier les attributs lourd et collant de Kapha. Comme l'écrit Atreya Smith, "dès que Kapha est capable de couler, cela entraîne son entière manifestation."

 

Concrètement, cela se manifeste par des rhumes à répétition pendant le printemps, de la lourdeur, de la léthargie, peut-être plus de constipation. C'est aussi au fil des ans le risque de voir des allergies se mettre en place.

 

Le dosha Kapha augmente lui lorsque l'humidité, la lourdeur et le froid sont associés, c'est-à-dire pendant l'hiver. En Bretagne où les hivers sont plutôt froids et humides, naturellement Kapha augmentera. Mais des facteurs plus personnels sont à même d'augmenter Kapha comme de manger des aliments lourds et froids comme les laitages et les fromages, et plus généralement toute alimentation trop grasse, trop lourde, trop sucrée. La sédentarité est aussi un facteur important dans l'augmentation de Kapha. 

 

Kapha diminue, en fin de printemps, avec l’augmentation de l’ensoleillement et la chaleur, qui entraîne plus de sécheresse.

 

Recommandations pour les constitutions KAPHA ou en excès de KAPHA - vigilance janvier/février

 

L'alimentation et l'exercice physique sont les deux points les plus importants pour Kapha.

 

Après les fêtes de fin d'année, il sera important de revenir à une alimentation légère, agrémentée d'épices ou d'herbes provençales, afin de bien soutenir le feu digestif. Pour les personnes à dominante Kapha, il faudra veiller à ne pas prolonger les excès des fêtes, notamment avec les galettes des rois et le chocolat. Dès janvier, il sera recommandé d'alléger les repas, et pourquoi pas de jeûner un soir par semaine ou même une journée entière voire plus.

 

Il sera aussi essentiel de ressortir ses chaussures de sport et de reprendre une activité physique suffisamment intense et prolongée, permettant de bien transpirer, idéalement deux fois par semaine.

 

Sur le plan mental, s'il y a une tendance à s'isoler, à rester cantonnée dans trop de routine, à manquer d'entrain, il sera important de prévoir de nouvelles activités, qu'elles soient culturelles, sportives ou même des défis, afin de stimuler l'énergie qui peut stagner à la fin de l'hiver.

 


 >> PITTA & ETE

D'un point de vue ayurvédique, le dosha Pitta est particulièrement dominant, ou "aggravé" comme on dit en Ayurveda, durant l'été, une période délicate pour ceux dont la constitution Pitta (Prakriti) est déséquilibrée. 

 

Ces personnes pourront alors difficilement supporter les épisodes de canicules, souffrir d'inflammations, d'irritations cutanées,  d'acidité gastrique, ressentir de l'irritabilité, de l'impatience.

 

Pour bien comprendre cela, il faut savoir que la chaleur, principale caractéristique de Pitta, s'accumule à partir de la fin de l'hiver et au au printemps. Inversement à Vata, tant que la fraîcheur persiste, souvent dans notre région jusqu'à la mi-juin, les signes de cet excès de Pitta ne se manifesteront pas. Ils seront masqués. Ils apparaîtront avec l'arrivée de la chaleur, en juillet et août.

 

Recommandations pour les constitutions PITTA ou en excès de PITTA - vigilance avril/mai

 

Une alimentation purifiante et du lâcher-prise

 

Il est recommandé de profiter des légumes verts et des fruits de printemps pour suivre un régime purifiant, particulièrement bénéfique après une alimentation plus grasse ou carnée durant l’hiver. Contrairement aux deux autres constitutions, les personnes Pitta peuvent inclure une proportion plus élevée d’aliments crus et de graines germées. Les aliments acides augmentent la chaleur corporelle à long terme. Il sera donc important de limiter la consommation d’agrumes (qui ne sont plus de saison d'ailleurs ), ainsi que des boissons acides, des aliments fermentés ou trop épicés. Le fromage, surtout les pâtes pressées, grasses et très salées seront à éviter.

 

Sur le plan énergétique et mental, l'énergie du printemps apporte une grande vitalité, et il est crucial de maintenir un juste équilibre entre des activités sportives et intellectuelles stimulantes, parfois exigeantes, et des loisirs plus doux et récréatifs, sans esprit de compétition. Des pratiques favorisant le lâcher-prise comme le yoga et la méditation seront bienvenues. Chez les personnes de constitution Pitta, l'agenda peut rapidement devenir trop chargé avec le travail, la famille, et les engagements sociaux et sportifs. Bien que leur appétit soit fort, l'endurance de Pitta est moyenne, ce qui peut les amener à en faire trop, au risque de provoquer un épuisement et une surchauffe mentale. 

 

Écrire commentaire

Commentaires: 0

NOTRE ADRESSE

10 rue du Loquidy à Nantes - quartier St Félix

Tramway > ligne 2 - arrêt Michelet / Bus > lignes 23 et 10 - arrêt Michelet

 

NOUS CONTACTER

contact@ayog.fr

09 51 47 09 02


 

 

Plus d'info sur Ayog : l'enseignement, les cours hebdomadaires sur www.ayog.fr